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Ensemble, comprendre l'économie autrement

Le blog économique de Max Alain Obadia

#GRECE : le "putsch" européen

#Grèce : Les 7 erreurs de la construction européenne
Nous ne nous étions pas encore exprimés sur ce blog à propos de la situation de la Grèce et des négociations en cours avec l'Eurogroup. Nous attendions en effet d'avoir le recul suffisant afin que notre propos soit le plus pertinent et le plus objectif possible.

L'urgence commande cependant de s'exprimer. Sans attendre.

Nous venons d'assister à un "putsch" de l'Eurogroup à l'encontre de la Grèce. Il faut que des voix s'élèvent pour dénoncer ce "putsch" avec force. La nôtre est (et restera) de celles-là !

La Grèce subit aujourd'hui de plein fouet les nombreuses erreurs de construction de la monnaie unique. Nous avons eu l'occasion, à diverses reprises, de dire ce que nous pensions de la construction de la zone euro et des défauts de conception qui avaient présidé à son institution. Rappelons-les succinctement :

1 - une monnaie unique ne peut se concevoir sans une "union de transferts". En effet, dès lors qu'il existe des écarts de compétitivité entre les différents pays d'une même zone monétaire, les pays les plus pauvres ne peuvent plus corriger ces écarts en dévaluant leur monnaie, ce que la France a fait pendant des décennies avant l'instauration de l'euro. Ces écarts de compétitivité peuvent résulter de plusieurs facteurs : la présence ou l'absence de richesses naturelles sur le territoire national, la structure de la population, la place géographique occupée dans la zone, le modèle social retenu, etc. Les règles de gestion ne sont pas seules en cause, loin s'en faut.

Ainsi, dès lors que l'on se trouve dans une même zone monétaire, la monnaie étant unique et la même pour tous, donc plus aucune dévaluation n'étant possible, la seule façon d'aider les pays les plus pauvres à compenser leurs écarts de compétitivité est que les pays les plus riches les soutiennent financièrement par le biais de transferts budgétaires. C'est ce qui se passe par exemple aux Etats Unis où l'impôt fédéral collecté sur l'ensemble des états est redistribué sur tout le territoire en fonction des besoins de chaque état, notamment des plus pauvres. Or, aucun système de transfert n'a été prévu au sein de la zone euro. Pire, le principe même du transfert a été écarté d'office. De plus, pour que de tels transferts aient été possibles, il aurait fallu que le budget européen soit de l'ordre de 15 à 20% du PIB total de la zone. Or, il est à ce jour de l'ordre de 1,3%.

Première erreur.

Une union de transfert suppose l'accord des populations, donc que le sentiment d'appartenance à une même communauté soit bien établi. Si tel est bien le cas pour les Etats Unis, cela est loin d'être vrai en Europe et ne l'est même pas au sein de chaque pays : l'Ecosse ne veut-elle pas quitter le Royaume Uni afin de ne plus avoir à subventionner le reste de la Grande Bretagne, la Catalogne quitter l'Espagne afin de ne plus subventionner l'Andalousie, l'Italie du Nord cesser de contribuer financièrement au développement du sud de la péninsule ?

Au plan européen, les entreprises allemandes, dont les premiers clients se situaient à l'intérieur de la zone, ont profité de l'impossibilité faite à ceux-ci de dévaluer leur monnaie et leur ont imposé leurs produits, participant ainsi à leur désindustrialisation. Elles ont par ailleurs profité de la position centrale de leur pays au sein du continent pour délocaliser leur production à moindre coût dans les pays de l'Est. La démographie allemande, déclinante, a fait que ces délocalisations ne se sont pas accompagnées d'une montée du chômage, le nombre de jeunes arrivant chaque année sur le marché de l'emploi étant bien inférieur à celui des pays du sud de la zone.

L'absence de transferts budgétaires et le fait que l'Allemagne ait profité de la faiblesse relative de l'euro, dont le cours est calculé d'après la moyenne des économies de la zone, ont parachevé cette domination. Si la zone n'avait pas été unifiée monétairement, le cours du mark se serait envolé et les exportations de l'Allemagne n'auraient jamais atteint de tels niveaux.

 

2 - une monnaie unique ne peut se concevoir sans convergence fiscale et sociale. En effet faute d'une telle convergence, et dans la mesure où la circulation des capitaux, des biens et des personnes est totalement libre au sein d'une même zone, il est évident que les entreprises, comme les particuliers les plus fortunés, iront s'installer dans les pays qui pratiquent le dumping fiscal et social le plus éhonté. Or, aucun processus de convergence sociale ou fiscale fort n'est intervenu au sein de la zone euro. Le Luxembourg et l'Irlande, véritables paradis fiscaux installés au coeur même de l'Europe, en savent quelque chose.

Deuxième erreur.

De ce fait, et privés de la possibilité de dévaluer pour restaurer leur compétitivité, les pays les plus "sociaux" de la zone, pour faire face à la concurrence, ont peu ou prou été contraints de s'aligner sur les pays les "moins-disants" au plan social et fiscal pour abaisser les coûts de revient de leurs entreprises. Ceci a contribué à déstructurer les systèmes de protection sociale des pays du sud, à abaisser le niveau de vie de leurs populations, à casser la demande et à faire chuter la consommation, ce qui aggravé d'autant leur situation économique.

La politique de désinflation salariale initiée il y a une quinzaine d'années en Allemagne (baisse des salaires et de la protection sociale) lui a donné des avantages comparatifs extrêmement significatifs. L'Allemagne, puissance dominante en Europe, a donc bénéficié de l'ensemble des atouts qui lui étaient concédés par le système monétaire et institutionnel en place sans en subir les inconvénients. En économie, cela s'appelle "la stratégie du cavalier solitaire".  

 

3 - une monnaie unique ne peut se concevoir sans un pouvoir politique unifié et un état fédéral. Or, le fédéralisme n'a fait l'objet que de vœux pieux. Aucune initiative sérieuse n'a été prise en ce sens. On ne voit pas, à l'heure actuelle, comment un tel fédéralisme pourrait voir le jour à brève ou moyenne échéance.

Troisième erreur.

 

4 - une monnaie unique ne peut se concevoir sans une banque centrale forte au service des états. Le choix d'une banque centrale indépendante, dans un monde ouvert à la compétition internationale et alors que partout ailleurs les banques centrales sont au service de leurs états respectifs, est une aberration. Rappelons que le principe d'une banque centrale indépendante avait été imposé à l'Allemagne par les alliés au sortir de la guerre, afin de l'empêcher de se réarmer en "tirant" sur sa monnaie. C'est ce principe que les Allemands ont imposé lors de la constitution de la zone euro. On comprend en quoi cette indépendance, qui pouvait parfaitement se justifier dans des circonstances aussi exceptionnelles qu'une sortie de guerre, est totalement inadaptée en temps normal.

Avec le fonctionnement actuel de la zone euro les états ont donc abdiqué les leviers monétaires entre les mains d'une banque centrale indépendante. Cette décision est calamiteuse. Seule la BCE peut aujourd'hui décider de la quantité de monnaie en circulation ainsi que des taux d'intérêts.

Quatrième erreur.

Ainsi, lors de la crise immobilière en Espagne, il aurait fallu remonter les taux d'intérêt pour couper court à la spéculation échevelée que connaissait ce pays. Or tel n'était pas l'intérêt des pays du nord de la zone, lesquels avaient besoin de taux bas pour doper leurs économies. La BCE ne pouvait, avec une monnaie unique, répondre dans le même temps à des demandes aussi divergentes. Le maintien de taux bas a ainsi poussé l'Espagne à la ruine.

 

5 - une monnaie unique ne peut se concevoir sans la possibilité pour les états de se refinancer auprès de la banque centrale ou de se prêter de l'argent entre eux. Or ces deux possibilités ont été exclues d'emblée de la zone euro. En interdisant aux états de se refinancer auprès de la BCE ou auprès d'autres états, on a obligé ceux-ci à se financer exclusivement auprès des banques privées et on les a placés sous la tutelle des marchés, dont on sait bien qu'ils sont tout sauf rationnels et efficients. La Grèce a fait les frais de ce système, les taux d'intérêt qui lui ont été facturés ayant été exhorbitants. Les banques privées ont ainsi re-prêté aux états, à des taux prohibitifs, les sommes qu'elles avaient elles-mêmes empruntées la veille auprès de la BCE à des taux bas défiant toute concurrence. L'argent facilement gagné par cette seule fonction de "boîte aux lettres" est venu alimenter la spéculation. On sait que cette spéculation a mené ces mêmes banques au bord du gouffre.

Cinquième erreur.

Afin d'éviter des faillites en chaîne dans leur système bancaire, certains états ont été contraints de "reprendre" les établissements financiers en déliquescence, avec leurs actifs (le plus souvent pourris) et surtout leurs passifs. C'est ainsi par exemple que l'Irlande ou l'Espagne, qui comptaient parmi les pays les plus vertueux de la zone avant la crise financière de 2008 (leur déficit n'atteignait qu'un pourcentage dérisoire de leur PIB), ont rejoint les rangs des pays endettés d'Europe. 

 

6 - une monnaie unique ne saurait se concevoir sans la possibilité pour les états de décider de relancer l'économie, le cas échéant en se mettant volontairement en déficit. C'est même leur devoir. Or les règles en vigueur au sein de la zone euro fixent une fois pour toutes le montant du déficit annuel acceptable pour chaque pays (3% du PIB) ainsi que le montant acceptable de leur endettement cumulé (60% du PIB). 

Sixième erreur.

Juger de la santé d'un état en comparant sa dette au PIB est un non-sens. Le PIB correspond à l'ensemble des recettes annuelles d'un pays, c'est-à-dire (en raccourci) le cumul des revenus engrangés par sa population. A-t-on déjà vu un banquier (et on sait que ces derniers ne sont pas connus pour leur témérité) plafonner à 60 000 € (60%) un prêt sollicité par un couple désireux d'acheter son logement et disposant de 100 000 € de revenu net annuel ? Si tel était le cas, l'accession à la propriété aurait bien du plomb dans l'aile.. Il est évident que notre banquier pourra sans grand risque prêter jusqu'à 300 ou 400 000 € à ce couple, c'est-à-dire jusqu'à 300 ou 400% du "PIB" du ménage. Pour juger si la situation (d'un ménage ou d'un pays) est saine ou pas, la dette n'est évidemment pas à rapporter au flux annuel de recettes mais au total des actifs détenus. Pour reprendre notre exemple, notre couple pourrait n'avoir que 50 000 € de revenu par an, s'il dispose à côté de cela d'un patrimoine de 100 millions d'euros, on imagine mal un banquier lui refuser un prêt. 

La règle des 60%, comme celle des 3% du PIB est bien une pure ineptie.

 

7 - une monnaie unique ne saurait dicter leurs choix démocratiques aux états. On se rappelle des propos (peu glorieux) de Jean-Claude Junker répondant à Alexis Tsipras il y a quelques semaines : "la démocratie doit s'effacer devant les traités". Une telle phrase est symptomatique de l'état d'esprit qui préside dans les institutions européennes. Avec les politiques d'austérité imposées aux états qui affichaient les déficits ou l'endettement les plus importants, on a accentué la crise et cassé leurs économies. Les politiques austéritaires n'ont jamais fait qu'accroître les difficultés et mener à la déflation. On se rappellera qu'Hitler est arrivé au pouvoir à la suite des deux plans d'austérité successifs mis en place par le chancelier Brünning en 1931et qui furent catastrophiques pour l'Allemagne.

Le mandat donné à la BCE portait presque exclusivement sur le maintien de la parité des monnaies. La croissance et l'emploi ne figuraient donc pas dans ses priorités. Or on sait que la stabilité de la monnaie n'a jamais servi que les rentiers, l'inflation profitant aux plus jeunes. La stabilité de la monnaie a donc conduit à sacrifier les jeunes générations.  Et que dire du fait que l'emploi et la croissance aient été mis au second plan ?

Septième erreur.

On pourrait ainsi poursuivre longtemps. La liste des erreurs est hélas bien longue...

 

Tous les vices de construction de la monnaie unique étaient connus dès l'origine. De nombreux économistes parmi les plus renommés (dont plusieurs prix Nobel) comme Milton Friedman, Maurice Allais, Paul Krugman ou Joseph Stiglitz avaient émis les plus extrêmes réserves sur le système d'union monétaire que les pays d'Europe étaient en train de mettre en place. Ils n'ont hélas pas été entendus.

Alors, la Grèce ?

On nous dit aujourd'hui que la sortie de l'euro serait un véritable suicide pour la Grèce. Est-ce-à-dire que les plans d'austérité successifs imposés à ce pays et qui l'ont mené à avoir un niveau de vie de sa population comparable à celui d'un pays sub-saharien auraient été une simple promenade de santé ?

La Grèce, comme l'Espagne, l'Italie ou le Portugal, a fait les frais de l'ensemble des vices de construction de la monnaie unique. Avec un taux de chômage des plus élevé de la zone (particulièrement chez les jeunes où il atteint quasiment 50%) et un PIB réduit de plus de 25%, le pays est au bord de la ruine. Et la seule fraude fiscale des riches armateurs ou le fait que l'église ne paie pas d'impôt n'expliquent pas tout.

Au plan technique, nos économistes "mainstream", relayés en cela par le catastrophisme de nos éditorialistes de presse, nous rabâchent que la sortie de la Grèce de la zone euro serait pour elle synonyme d'inflation, de rigueur budgétaire, de hausse des taux d'intérêt, de renchérissement du crédit, de fuite des capitaux, etc. La description qui nous est faite est cataclysmique. Rien de tout ceci n'est prouvé. L'analyse de la centaine d'unions monétaires qui ont pris fin ou qui ont implosé au cours du XXème siècle montre que malgré les remous occasionnés, les effets négatifs de ces implosions ont été relativement limités. Jacques Sapir et Philippe Murer ont démontré (étude disponible sur le site "Res Publica") que la sortie de la France de la zone euro, accompagnée d'un retour au franc dévalué de 25%, serait de nature à créer entre 1 et 2 millions d'emplois avec une inflation contenue autour de 5%.

Il est probable que la Grèce connaîtrait des turbulences si elle venait à sortir de l'euro. Mais il est également probable qu'elle retrouverait à terme un équilibre budgétaire et économique.

Il est utile de rappeler ici qu'une grande partie de la dette grecque provient du transfert de la dette privée vers la dette publique. Que les sommes prêtées indirectement à ce pays par les autres pays européens ont prioritairement servi à rembourser les banques (notamment françaises et allemandes) et que rien n'a été irriguer l'économie du pays. Que si la dette grecque est aussi élevée, elle le doit aux intérêts usuraires payés aux banques, lesquelles ont longtemps et honteusement profité du système mis en place par les traités européens et qui interdisaient aux états de se financer auprès de la BCE. Rappelons enfin que la Grèce, si l'on excepte le service de la dette, est désormais en équilibre budgétaire. On sait également que jamais aucun pays n'a remboursé ses dettes. Celles-ci ont été soit "tuées" par l'hyperinflation ou la "planche à billets" soit par le "défaut". Que penser alors de la position consistant à exiger de la Grèce qu'elle soit la première à procéder au remboursement intégral de sa dette ?

Sans annulation d'une partie de sa dette et des intérêts qui l'accompagnent, la Grèce ne retrouvera pas le chemin de la croissance, ne restaurera pas sa compétitivité et verra sa population s'enfoncer encore un peu plus dans la misère. C'est ce dont le gouvernement grec ne veut à aucun prix. Il sollicite de bénéficier de l'annulation d'une partie de sa dette et le rééchelonnement du solde, à l'instar de l'annulation dont l'Allemagne a bénéficié en 1953 et qui lui a permis de sortir de la situation dans laquelle elle était enlisée.

Dans leurs négociations avec la Grèce, les institutions européennes ont refusé d'aborder le problème de la dette et ont tenu à cantonner cette négociation aux seules économies à réaliser sur les dépenses publiques ainsi qu'aux nouvelles mesures d'austérité à mettre en oeuvre, renvoyant la négociations sur la dette à plus tard. Aux calendes...grecques ? Ceci n'était évidemment plus supportable pour les autorités d'un pays déjà bien mis à mal.

Tous les paramètres du problème grec sont connus depuis longtemps par les autorités européennes. Celles-ci n'ignorent pas que la perte de compétitivité de la Grèce est principalement due à l'euro, comme c'est le cas pour l'Espagne, l'Italie, le Portugal ou la France. Elles demandent aujourd’hui à la Grèce tout à la fois de rester dans l'euro et d'accentuer ses plans d'austérité mortifères. Ces deux injonctions sont contradictoires. Elles sont par ailleurs contreproductives et ne correspondent à aucune vision économique sérieuse. Tout le monde sait bien que la Grèce ne pourra jamais rembourser la totalité de sa dette et que l'existence même de l'euro dans sa forme actuelle l'handicape gravement.

En réalité le bras-de-fer entre la Grèce et les instances européennes est davantage politique qu'économique, les pays du nord de l'Europe n'ayant pas "digéré" l'arrivée de Syriza au pouvoir et souhaitant "faire un exemple". C'est leur attitude qui est suicidaire et irresponsable.

On voit mal comment la situation pourrait désormais se dénouer. En sollicitant l'avis des Grecs, par référendum, Tsipras tente de rééditer le "coup" réalisé par l'Islande il y a quelques années et qui avait permis à ce pays de geler sa dette et de la renégocier. Le" coup de poker" est audacieux et personne n'en connaît l'issue d'avance. La Grèce n'avait de toutes façons plus le choix. Elle était dos au mur.

Tsipras ne souhaitait pas faire sortir la Grèce de l'euro. Par leur intransigeance, les fonctionnaires de Bruxelles, qui contrairement à lui ne bénéficient d'aucune légitimité démocratique, l'y auront finalement (peut-être) contraint. Les conséquences pour tous les pays d'Europe sont imprévisibles.

Sauf si les institutions européennes finissaient par entendre raison. Ce qui n'est pas exclu.

Gageons que le cas grec sera observé avec attention dans tous les pays de sud de l'Europe (Portugal, Italie, Espagne) mais aussi en Irlande et en Belgique, pays également malmenés par la monnaie unique. Si la sortie de la Grèce de la zone euro et le défaut sur sa dette devaient aboutir à la hisser hors de l'ornière, c'est l'avenir de la monnaie unique qui serait définitivement scellé. Les institutions européennes ont joué avec le feu. Celui-ci risque de les consumer bien au delà de ce qu'elles pouvaient imaginer.

Le silence de la France dans ce contexte est assourdissant. Et ce n'est pas le discours lénifiant et totalement creux de François Hollande du lundi 29 juin 2015 qui y changera quelque chose.

Max Alain Obadia

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M
Quand je parlais de dirigeants incompétents ou mal intentionnés, je visais bien sûr nos chères élites européennes. Pas les dirigeants grecs actuels. Tout le monde l'aura compris. Du moins je l'espère.<br /> Bonne soirée.<br /> Mao
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A
Nous sommes d'accord avec vos sept points, et avec l'hypothèse que la Grèce tente le même coup que l'Islande, laquelle l'avait magistralement réussi. <br /> Mais il manque des points importants.<br /> Celui, bien plus ancien, rappelé plusieurs fois par Michel Rocard: Entre 1975 et 1990 environ, nous Européens avons évolué d'un système ou la variation de la masse monétaire était le privilège de la banque centrale et ne correspondait pas à une variation de la dette, à un système ou, pour augmenter sa masse monétaire en même temps que la croissance d'activité, de population, et de vitesse de ses échanges, chaque nation doit elle-même emprunter sur le marché libre à des taux qui ont varié à la tête du client, exactement comme si la nation activant la planche à billets devait désormais être considérée comme un particulier qui s'endette pour s'acheter une résidence. Conscients de cette erreur, d'un coté le Federal Reserve System et de l'autre la BCE ont ensuite corrigé le tir le moins mal qu'elles pouvaient, en privilégiant leurs banques porteuses de la plus grande part de dette, donc en leur prêtant à environ 0,1%. (Quantitative Easing.) Aux petits pays pauvres comme la Grèce le système imposait bien entendu les taux les plus élevés.<br /> Varoufakis, parlant pour la Grèce, parle d'intenter une action devant la CJUE, consistant à exiger un ajustement de sa dette tenant compte de l'effet accumulé des taux abusifs qui lui ont été imposés. Cette action pourrait faire jurisprudence pour remettre en question le cas d'autres pays, ceux qui ont été également victimes mais, tant bien que mal, ont payé (Portugal, Espagne, etc... en fait la liste est assez longue.) Aussi, en exigeant qu'une partie de sa dette résultant de décisions à court terme que ce système lui a imposé soit abandonnée. Je n'ai pas évalué ce à quoi cela correspondrait mais cela pourrait se situer entre 15% et 40% de sa dette totale. Nous avons nous-même expliqué pourquoi chaque nation devrait soumettre sa dette à un audit.<br /> Ceci dit, ce qui est vrai pour le Portugal ou l'Irlande ne l'est pas entièrement, et de loin, pour la Grèce: Depuis son indépendance (Mars 1821) la Grèce a vécu en frisant tout le temps la banqueroute sous la double tutelle de ses oligarchies (surtout marine marchande) et de l'Eglise orthodoxe. Imaginez une France dont toute l'activité agricole serait restée aux mains de cent familles terriennes, qui depuis des siècles géreraient leur commerce extérieur directement avec Londres ou New York, en dehors de la comptabilité nationale, laissant celle-ci comptabiliser les dépenses et les impôts... et qui, n'ayant toujours pas séparé l'Eglise et l'Etat, laisserait son église posséder et gérer sans payer d’impôts les anciens domaines qui furent confisqués sous la Révolution pour être distribués aux anciens serfs!<br /> Enfin il reste la troisième erreur mais qui est mondiale, depuis les années 1893-1914: le rôle destructeur de l’Impot sur le Revenu sous toutes ses formes. J'attends toujours le moment ou votre curiosité s'étendra à nos travaux depuis 2006.
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C
Tout ceci est vrai je suis d'accord. Il faut cependant que l'on prenne un peu de recul et je crois pouvoir le proposer ce recul malgré ma double nationalité Grecque et Chypriote qui me rendent doublement concerné par ce qui se passe dans mes deux patries. La Grèce a beaucoup emprunté. Pour faire construire des infrastructures, pour s'équiper, pour s'armer...infrastructures, équipements et <br /> armements pour beaucoup, c'est vrai, fournis par des entreprises des pays de l'UE...mais cela n'explique pas la totalité de la dette Grecque. En 2009 que s'est il passé ? Devant le gouffre, le gouvernement nouvellement élu aurait du commencer par dire la vérité aux Grecs et par leur expliquer qu'ils allaient devoir faire des efforts pour contribuer à l'assainissement des finances de leur pays. Ensuite, et seulement après l'instaurations des mesures et des reformes douloureuses mais nécessaires, ce même gouvernement allait pouvoir s'adresser à ses pairs et demander leur aide. En somme ce qui a été fait en Espagne et au Portugal. En lieu et place Papandreou a demandé de l'argent sans rien mettre sur la table pour rassurer les partenaires qui allaient devoir sortir leurs carnets de chèques. Tsipras arrive, avec ses airs de bobo, révolutionnaire, iconoclaste avec son ministre des finances à la tête d'un plagiste sorti pour draguer. Il promet pour être élu de tout arrêter, l'austerité, l'imposition, les baisses des retraites, les réductions d'effectifs dans l'administration...Pour cause, il faut bien qu'il puisse faire rentrer dans l'administration...Il sait que s'il tient pas parole il sera jugé sévèrement non seulement par les membres de son parti, par tous les électeurs de centre droite qui dégoutés par leurs propres élus sont allés voter pour Tsipras. Il sait que le résultat pour les Grecs sera très douloureux et pour éviter le pire (pour lui et sa clique) il trouve l'occasion de quitter les négociations en disant aux Grecs "voilà ce qu'on cherche à nous faire subir, à vous de voter pour ou contre le 5 juillet. Il est très malin ce garçon. Il sait que l'UE, l'Eurogroupe, la BCE, tous ceux...gens...ont peur des referendums. Ils peuvent provoquer des réactions en chaine, des boules de neige. Ils feront donc tout les Européens pour éviter que le referendum ait lieu. En passant par les menaces et la désinformation JC Junker nous a appris hier dans une conférence de presse qui restera dans les annales pour sa nullité, que "la question du referendum étant rédigée en Grec seuls les Grecs comprendront pourquoi ils voteront Oui ou Non et que les autres peuples sur terre qui ne lisent pas Grec ils vont tous (illettrés et stupides comme ils sont) interpréter le Non (éventuel) comme un Non à l'Europe. Bref, si ce n'était pas un sujet terrible il y a de quoi se marrer. Puis ce même Monsieur prend le droit d'intervenir dans une affaire intérieure d'un pays qui n'est pas le sien pour encourager le peuple Grec à voter Oui...On marche sur la tête, et pas seulement en Grèce. Je crois que nous aurons un résultat positif dès ce soir, mardi 30 juin 2015. Tsipras sait et les interlocuteurs Européens aussi. Je suis curieux de voir comment les Grecs vont réagir demain matin.
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M
(suite) monnaie unique sont là et qu'il fallait les pointer du doigt en les explicitant afin que chacun puisse se faire une idée pertinente de la situation. Reste aussi que la paupérisation des populations est bien réelle et que les gens n'ont pas à pâtir des erreurs ou des manipulations de dirigeants dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont soit incompétents soit mal intentionnés.<br /> Bonne soirée<br /> MAO
M
Merci Costas pour votre commentaire.<br /> Il n'est bien sûr pas exclu que tout ceci (rupture des négociations, référendum, ultimatum, suspension des crédits,...) ne soit qu'un vaste jeu de rôle et un marché de dupes. Reste que les vices de conception de la