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Ensemble, comprendre l'économie autrement

Le blog économique de Max Alain Obadia

#Les voies des "saigneurs" sont impénétrables...

Un reportage édifiant sur les dérives financières en oeuvre au cœur du #Vatican. A voir absolument.

La chaîne #LCPchaîne parlementaire et de référence s'il en est, a diffusé le 6 Novembre 2015, tard dans la soirée, un documentaire d'investigation édifiant sur les pratiques en oeuvre au coeur du Vatican.

On y apprend que la vie du #Pape François serait en danger, menacée par les loobies et intérêts mafieux qui ont fait des institutions financières du Vatican (#IOR) une des plaques tournantes de leurs opérations opaques de blanchiment et de corruption. On y apprend également que le Pape Jean-Paul II, loin d'être la figure de sainteté que les médias nous ont vendue, aurait couvert des opérations financières douteuses pendant toute la durée de son pontificat. Ce, dans le but de financer, en accord avec les dirigeants les plus conservateurs des Etats-Unis, une croisade sans merci contre le communisme. On y apprend aussi que le Pape Benoît XVI aurait entrepris une opération d'assainissement en vue de mettre fin à ces pratiques mafieuses, et que cette initiative pourrait bien lui avoir valu d'être contraint à la démission. On y apprend enfin, avec consternation, que le Pape actuel, le Pape François, qui a décidé de poursuivre l'action d'épuration entamée par son prédécesseur, craindrait tellement pour sa vie qu'il aurait décidé de ne pas dormir dans les appartements pontificaux et de ne plus manger seul de peur d'être empoisonné. 

On trouvera ci-dessus le lien permettant d'accéder à ce documentaire que nous vous incitons vivement à visionner.

La chaîne LCP est une chaîne sérieuse qui ne pratique pas le racolage. Les témoignages recueillis pour ce reportage sont étayés et les personnalités (chercheurs, journalistes, essayistes, etc. ) qui y interviennent sont "dignes de foi".

 

                                            Image hébergée par http://uprapide.com/

 

On peut s'interroger sur les raisons pour lesquelles un tel document est aujourd'hui diffusé. Il paraît par ailleurs évident (malgré leurs dénégations) qu'une telle enquête n'a pu être rendue publique sans l'autorisation (au moins tacite) des plus hautes autorités de l'église. Sa publication aurait-elle pour objet de protéger le Pape François, confronté à des menaces dont certains de ses prédécesseurs ont été les victimes avant lui, certains y ayant peut-être même laissé leur vie ? Les proches du Pape François, dont certains s'expriment sans détour dans le documentaire, tenteraient-ils de lui venir en aide en s'appuyant sur les médias ou en les manipulant ? Quelle que soit la réponse, ce documentaire gagne à être vu. Les liens entre les mafias internationales, les puissances d'argent, les institutions financières et les intérêts politiques, agissant sous le couvert d'institutions protégées oeuvrant au coeur même du Vatican (avec la "bénédiction" des grands de ce monde), y sont clairement exposés. On peut se demander (mais cela n'étonnera plus grand monde ! ) comment de tels montages ont pu être mis en oeuvre depuis Mussolini et comment ils ont pu croître et prospérer au coeur même de l'Europe, et jusqu'à ce jour, sans la complicité passive des autres états européens...

Ce reportage jette une lumière crue (une de plus) sur l'état de délitement général de nos sociétés, gangrénées par le mythe du profit immédiat et de l'argent roi. Les indicateurs de cette déliquescence sont nombreux : corruption à la FIFA, trucages à grande échelle chez Volkswagen, scandales boursiers à répétition, manipulations des marchés, corruption des élites politiques de tous bords, développement endémique de trafics en tous genres (armes, drogue, contrefaçon, esclavage humain), financement occulte des groupes terroristes, etc. 

La désagrégation est complète.

Au-delà de cette seule constatation qui fleure l'évidence, et loin de baisser les bras en joignant notre voix au choeur des "déclinistes" de tous bords, il nous faut procéder à une analyse plus approffondie de la situation si nous souhaitons agir pour faire "bouger les lignes". 

Le monde du futur qui se dessine sous nos yeux pourrait être tripartite. Nous voyons se construire, chaque jour un peu plus, un modèle de société qui voit s'affronter :

> d'un côté le monde de la finance, des multinationales et de la grande industrie qui tente de maintenir son pouvoir et ses privilèges par une course au gigantisme et par la mise en oeuvre de monopoles toujours plus concentrés (fusions, absorptions, regroupements, captation des ressources, manipulation des marchés). Ce monde profite à plein de la globalisation et de la dérégulation que l'ultra-libéralisme a su imposer depuis les années 1970. Le modèle de société qu'il met en place crée des inégalités croissantes, avec des riches toujours plus riches, des pauvres toujours plus pauvres, une montée de la misère et de la précarité sans précédent et l'émergence de millions de chômeurs. Les call-centers décentralisés (en Afrique ou ailleurs) ainsi que les ateliers de confection des grandes marques, en Ethiopie par exemple où des bataillons d'esclaves travaillent plus de 15h par jour pour un salaire de moins de 20€ par mois, en sont des exemples criants. Sans parler  des scandales bancaires et financiers à répétition ou de la fraude fiscale internationale contre lesquels aucune mesure coercitive efficace n'a encore été mise en oeuvre.

> d'un autre côté, une économie souterraine située en marge de la légalité, fonctionnant sans lois ni principe moraux. Cette économie se bâtit aux franges d'un système dont elle se sent exclue. Son terreau est constitué par le chômage, la désespérance et la création de "poches de misère" qui ne sont plus l'apanage des seuls pays sous- développés. Les mouvements de populations fuyant les guerres, la pauvreté et des dictatures sanglantes (ou parfois même des démocraties "sanglées"), comme la prolétarisation incessante de nos banlieues, viennent irriguer cette économie de réseaux, les plus pauvres servant de base de manoeuvre à ceux (les plus "débrouillards") qui ont su s'organiser. Les passeurs de la Méditerranée l'ont bien compris qui fructifient sur le désarroi des plus déshérités. Les petits caïds de banlieue l'ont également compris. C'est à partir de ce monde là (ou plutôt à cause de lui et de la dérégulation générale de nos économies) que les fascismes de tous bords fructifient partout (notamment en Europe) sous l'oeil complice ou complaisant de nos démocraties. C'est aussi dans la désespérance et dans l'absence totale de perspectives que les groupes terroristes internationaux recrutent leurs affidés.     

> d'un autre côté enfin, une société civile qui résiste en tentant de construire une économie de partage et de solidarité, rendue possible par l'évolution du numérique, et dont l'existence permet d'amortir quelque peu les chocs sociaux. Pour répondre à la baisse constante de leur pouvoir d'achat, les plus pauvres (et maintenant une partie significative des classes moyennes) prennent désormais leur quotidien en main. A une économie verticale subie, se substitue peu à peu une économie horizontale, organisée en dehors des circuits traditionnels. Cette nouvelle économie permet à chacun d'améliorer son ordinaire. Elle permet également de recréer un semblant de lien social (co-voiturage, échanges de services, troc, épargne solidaire, etc). S'organisant hors fiscalité et hors contributions sociales, cette nouvelle économie du partage pose cependant la question de savoir, si son développement se poursuit avec une telle intensité, comment seront financés dans le futur les biens et services communs (justice, santé, éducation, sécurité, etc.). C'est aujourd'hui l'Etat et les caisses sociales qui assurent en grande partie la mutualisation des risques sociaux grâce à l'impôt et aux cotisations. Si ces ressources venaient à se tarir, que se passerait-il ? 

La coexistence de ces trois systèmes contient des contradictions majeures qui ne peuvent que mener à la confrontation et à l'implosion générale. Nos gouvernants ne semblent pas en avoir pris la mesure ou appréhendé les enjeux. La dérégulation forcenée et qui n'a eu de cesse (depuis 40 ans) de réduire le rôle de l'Etat a engendré une société multiforme et dangereuse dont on sent bien qu'elle sera bientôt à bout de souffle. L'économie de partage contient, dans sa créativité, les germes qui pourraient donner naissance à une société apaisée et solidaire. Une société capable de respect et de valeurs, réinventant le "vivre ensemble", innovante et plus libre. A condition toutefois qu'elle sache se doter des structures collectives lui permettant d'assurer le bien-être de tous et que la confrontation prévisible avec les deux autres mondes dont nous avons tenté ci-dessus de donner une image ne tourne pas à son désavantage. Auquel cas il ne resterait plus alors de place que pour la barbarie.

Ou la révolution.

Comme l'écrivait Patrick Artus , Directeur des études à la banque Natixis, "le capitalisme est en train de s'auto-détruire". Il existe des ruptures créatrices. Espérons que celle à laquelle nous sommes en train d'assister en sera une.

Ce qui se passe actuellement au Vatican, la crise des subprime en 2008, les scandales à répétition auxquels nous avons assisté ces derniers temps ou la montée du terrorisme par exemple ont un dénominateur commun : l'argent, c'est-à-dire le pouvoir, la violence et la domination qui y sont liés.

La période qui s'ouvre sera riche d'enseignements et de rebondissements si nous savons rester ouverts et nous organiser. Si nous savons également insuffler de l'espoir et un projet fédérateur à nos sociétés en dérive.

Max Alain Obadia et Jean Bernard Motte      

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